Artiste : Spencer Tunick
Titre: Photographie sur la Piazza Navona
Date : 2001
Culture: Américaine
Provenance: Copie signée remise à EAH comme « paiement » pour être un sujet sur la photographie. Actuellement suspendu dans sa salle de bain.
En 2001, j’ai passé un semestre glorieux à Rome. Les cours ont eu lieu dans des villas et des palazzi et des musées. J’ai passé mes après-midi à errer dans la ville, sur d’étroites routes pavées, à travers des ruines antiques, à visiter des églises et des jardins de la Renaissance avec un arrêt obligatoire pour un cappuccino en cours de route. C’était divin, et j’ai été extrêmement gâtée.
Vers la fin de mon séjour là-bas, je mangeais dans un restaurant avec des amis lorsque quelqu’un a remis un dépliant à notre groupe. Artiste Jean-Pierre ce serait photographier des gens devant le Fontaine des Quatre Rivières au lever du soleil le lendemain, il nous a informés. Viens! Déshabillez-vous et allongez-vous sur le sol! Nous vous enverrons une photo signée pour votre problème.
Eh bien, étant comme nous étions un groupe d’étudiants en art, et étant comme nous étions au début de la vingtaine, cela semblait bien sûr une idée fabuleuse. Ce sera un événement ! Tout comme un happening!
Nous nous sommes donc levés tôt ce matin d’avril ou de mai et nous nous sommes rendus au Place Navone de nos gîtes sur le Colline de l’Aventin. Nous nous sommes déshabillés et allongés sur les pavés. Rétrospectivement, je suis très heureux que nous ayons été timides et que nous nous soyons cachés à l’arrière, où vous ne pouviez pas nous voir. Mais je suis aussi déçue, car le fait d’être photographiée nue n’était-il pas le but? Quoi qu’il en soit, nous restons là un peu froids, gênés et nus. Tout ce dont je me souviens de Spencer Tunick, c’est qu’il aboyait en quelque sorte les gens pour qu’ils arrêtent de bouger.
Plusieurs mois plus tard, la photo est arrivée chez mes parents à Brooklyn. Je dois avouer que je ne savais pas trop quoi faire de la photo. Chez Tunick le site dit de sa photographie que les groupes de figures nues “ en masse, sans leurs vêtements, regroupés, se métamorphosent en une nouvelle forme. Les corps s’étendent dans et sur le paysage comme une substance. »Est-ce ce que vous tu vois? Mon esprit m’emmène dans des endroits plus sombres. Un tas de corps nus dehors me fait penser à la violence. Génocide. Si j’avais porté un chapeau plus critique ce jour de printemps à Rome, je me serais peut-être abstenu de participer à ce projet parce que je ne suis pas tout à fait sûr de ce que je ressens à ce sujet.
La critique d’art mise à part, je suis content de l’avoir fait. J’ai la photo accrochée au mur de ma salle de bain (je me suis dit que ça allait bien dans une pièce où l’on se déshabille), et ça me rappelle ce délicieux semestre à Rome, quand j’avais le luxe de prendre des décisions stupides. Cela me rappelle ce matin où une telle décision m’a permis de sentir d’anciens pavés sur ma peau alors que je levais les yeux vers le ciel romain qui s’éclaircit lentement.